La Maison Van Gogh (Wasmes)
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« Des hommes intelligents et courageux »
Vincent Van Gogh (1853-1890), né aux Pays-Bas au sein d’une famille bourgeoise, tenta de faire carrière dans la vente d’œuvres d’art mais, rapidement, il refusa de voir l’art comme une marchandise, voire l’objet de trocs. Il se tourna alors vers la religion et voulut devenir pasteur, mais il échoua aux examens de l’indispensable théologie et, vers 1880, l’appel de la peinture se fit plus pressant que celui du divin. Il prit la route de la France où il se mit à peindre jusqu’à sa mort à l’âge de 37 ans : plus de 2 000 toiles et dessins ! Il devint célèbre, mais il n’était plus de ce monde pour le constater… Cependant, avant de vivre (et mourir) dans l’Hexagone, de devenir l’ami de Gauguin, il fit quelques étapes en Belgique.
À Bruxelles, le 1857 à 1970, les protestants réformés occupaient le côté ouest de la place Sainte-Catherine, leur église se situant à l’arrière de maisons et, c’est là que Vincent Van Gogh, qui voulait encore devenir pasteur protestant, reçut une formation en 1878 avant qu’il ne rejoigne un prédicateur à Wasmes.
Vincent Van Gogh fréquenta donc cette église protestante au cœur de la Capitale de l’Europe, puis il prit la direction de la Wallonie. À Wasmes, vous suivez une longue rue en pente avec, au milieu, l’imposante tour de l’Abbaye de la Cour (devenue école) et, au bout, au 221 rue Wilson, se situe une modeste maison à la façade toute rouge. Ce fut là, qu’en 1878, Vincent Van Gogh habita (anciennement la rue Wilson s’appelait rue du Petit Wasmes). Mais, que venait faire le (futur) prestigieux peintre dans ce coin du Borinage ? Au rez-de-chaussée de la « Maison Van Gogh » (ouverte au public le week-end de 10 à 16 heures), on y donne une première explication : « Van Gogh a un talent naturel pour l’écriture. Ses lettres, pour la plupart adressées à son frère Théo, constituaient une source inépuisable d’informations sur sa vie et son œuvre. À Wasmes, il décrit avec émotion « des villages abandonnés et silencieux », « des hommes intelligents et courageux », et « son excursion très intéressante dans une mine », celle de Marcasse, visible depuis cette maison. »
Ainsi, le puzzle se (re)constitue : une maison ayant appartenu à un boulanger, qui tint un rôle majeur dans le parcours de l’artiste : « J’ai loué une petite maison où j’aimerais bien habiter tout à fait seul (…), mais pour l’instant elle ne me sert que d’atelier ou de cabinet de travail », écrit-il le 4 mars 1879. Il y était arrivé quatre mois plus tôt grâce à un évangéliste, comme lui.Effectivement, si Van Gogh était prédicateur évangéliste de l’Église protestante dans cette région minière, néanmoins, il y fit surtout son « compagnonnage » avec les mineurs, ce qui deviendra une thématique de ses premiers dessins, prémices d’un destin artistique exceptionnel. « Tout près des grands bâtiments sinistres de la mine Marcasse, qui se dressaient à part, isolés dans la plaine, et faisaient vraiment penser à cette nuit-là, sous la pluie battante, la masse de l’arche de Noé, telle qu’elle a pu apparaître dans l’obscurité, lors du déluge, à la lumière d’un éclair… », écrit-il encore à Théo, en juin 1879. Vincent Van Gogh était, donc, descendu au puits B du charbonnage de Marcasse à quelque 700 mètres de profondeur et cela le marqua à tout jamais, a fortiori lorsqu’il sauva un mineur lors d’un coup de grisou. Outre la maison rouge, patrimoine heureusement restauré, on distingue au loin la Marcasse, alors qu’un chariot disposé à côté de ce qui est devenu un lieu de Mémoire et d’Histoire, rappelle le dur labeur des mineurs, dont certains étaient des enfants. Dans cet environnement, où fut tourné, au milieu des années ’50, « La Vie passionnée de Vincent Van Gogh » avec, entre autres, Kirk Douglas et Anthony Quinn, on comprend mieux les « messages » distillés dans plusieurs tableaux de Van Gogh : un homme « sensible » parmi les gueules noires à qui il vouait un certain respect.
Il habita Wasmes de décembre 1878 à octobre 1880 et, alors, profondément touché par son entourage fait de misère et d’exploitation éhontée à l’égard de la population laborieuse, il renonça à sa carrière d’évangéliste et décida de devenir artiste (dé)peignant, avec grande précision et émotion, le monde dans lequel des êtres humains tentaient de survivre. La Maison Van Gogh » à Wasmes (Colfontaine), un chariot de mine et, au fond, le charbonnage « Marcasse », autant d’ingrédients historiques pour une visite hautement symbolique.