En direction de Brume, des rochers ont été baptisés « Rochers du Cœur Fendu » et, ici, d’aucuns disent que la légende et des faits réels sont peut-être étroitement liés. En 1778, Grégoire, un paysan peu sympathique, vivait dans une ferme à Biester. Il était avare, rusé, fourbe, têtu à l’extrême. Il avait une idée, une seule, en tête : garder sous son toit sa belle et jolie nièce. Indifférent à la beauté de la jeune fille, Grégoire ne l’était pas pour les revenus d’une terre qu’elle possédait et qu’il s’appropriait. Donc, pas question de laisser filer pareille rentrée financière ! Plusieurs hommes s’étaient présentés dans le but de marier ladite nièce, tous furent éconduits ! Mais, le domestique de la ferme était aussi amoureux de la belle et il attendait patiemment… Néanmoins, cela n’avait pas échappé à son patron ! Non loin de là, à Brume, de l’autre côté de l’Amblève, un riche fermier avait un fils et la jolie nièce de Biester ne lui était pas indifférente non plus. D’autant plus que cela avait l’air réciproque ! N’avait-elle pas dansé qu’avec lui lors de la fête villageoise de Trois-Ponts et à la Foire Saint-Jacques du 25 juillet ?
Face à ces deux situations, Grégoire imagina un scénario sordide, quand bien même « il leur laisserait leur chance… à certaines conditions ! » Bien vite, une rumeur se répandit : la nièce à Grégoire allait se marier ! Et, un dimanche après la messe, les deux prétendants auraient l’occasion de défendre leurs chances pour « accéder » à la main de la jeune fille. Le gagnant serait celui qui irait le plus rapidement au sommet des rochers qui surplombent la route de Brume avec la nièce sur le dos.
Des dizaines de personnes, fermiers, forestiers, commères, enfants… se déplacèrent pour assister au spectacle. Le tirage au sort désigna le fils du riche fermier de Brume pour s’élancer en premier lieu. Il arriva en vue du sommet sans marquer le moindre signe de fatigue, puis, petit à petit, l’avancée se fit plus pénible. À deux reprises, il s’arrêta pour reprendre son souffle. Des quolibets lui étaient lancés du bas par des villageois hilares. Cela le galvanisa, si on ose dire, et il parvint quand même au sommet. Il déposa la nièce, remercia ceux qui l’applaudissaient puis, brusquement, il s’écroula, victime d’une crise cardiaque, dira-t-on par après. Inutile de dire que cette mort tragique ne donna plus du tout envie au domestique de Grégoire et que celui-ci garda sa nièce et ses revenus…