Exceptionnelles réserves naturelles
Le Westhoek ou Coin de l’ouest, est une immense région transfrontalière belgo-française couvrant plus de 550 hectares à elles deux. Réserve naturelle, chaque pays gérant sa partie, elle possède une très haute valeur sur les plans de la faune et de la flore, est balisée par de multiples sentiers de promenades, recèle quelques pans d’un patrimoine historique et sociétal par trop méconnu, selon ma perception.
Victor Hugo
Victor Hugo a parcouru cette région en reliant à pied Furnes à Dunkerque, soit vingt-cinq kilomètres, et il en tira une véritable ode à la Nature[1] « Paroles sur la dune » dans Les Contemplations :
« J’ai fait, vraiment, une admirable promenade, sur le sable, entre deux marées, par un beau temps de nuée et de soleil. Devant moi et derrière moi les dunes se fondaient dans les brumes de l’horizon dont elles ont la forme. La mer était parfaitement gaie et calme, et l’écume des vagues, blanche et pailletée au soleil, faisait tout au long du rivage comme une frange de vermicelles et de chicorées cent fois plus délicatement sculptées que tous les plafonds maniérés du dix-huitième siècle. (…) De temps en temps une mouette blanche passait, ou bien un grand cormoran qui nageait puissamment dans l’air avec ses ailes grises à pointes noires. Et puis au loin il y avait des voiles, de toute forme, de toute grandeur, de toute complication, les unes éclatantes de blancheur sur les obscurs bancs de nuées de l’horizon, les autres sombres sur les clairs du ciel. Quelques-unes sont venues complaisamment passer tout près de moi, côtoyant la dune avec une douce brise qui les enflait mollement et m’apportait les voix des matelots. (…) Quelquefois je me tournais vers la terre, qui était belle aussi. Les grandes prairies, les clochers, les arbres, la mosaïque des champs labourés, la coupure droite et argentée d’un canal où glissaient lentement d’autres voiles, le bêlement des vaches qu’on voyait au loin, sur le pré, comme des pucerons sur une feuille, le bruit des charrettes sur la route qu’on ne voyait pas, tout m’arrivait à la fois, aux yeux, aux oreilles et à l’esprit. Et puis, je me retournais, et j’avais l’océan. C’est une belle chose qu’un pareil paysage doublé par la mer. »
[1] Ceux qui vivent sont ceux qui luttent, Pierre Guelff, Éditions F. Deville, 2020.
Dunes mobiles
Explication en 2020 : « Partie la plus septentrionale du territoire français, les dunes du Perroquet forment, avec celles du Westhoek en Flandre belge, un massif dunaire de plus de 600 hectares, s’étendant de Bray-Dunes à La Panne. Ici, le vent façonne et conditionne le paysage. L’ensemble se caractérise par la présence de grandes dunes en forme de croissant, parmi lesquelles on compte une des trois plus grandes dunes mobiles de tout le littoral de l’Europe Occidentale. Les dunes sont constituées d’une mosaïque de milieux où les pelouses rases, pannes humides, fourrés arbustifs s’entremêlent et permettent l’expression d’une faune et d’une flore riche et diversifiée. »
On peut compléter cette présentation par ces informations glanées sur place :
« La Dune du Perroquet[1] est le plus remarquable massif dunaire du département du Nord et s’étend sur 250 hectares. Elle communique avec le massif dunaire du Westhoek situé en Flandre belge, formant ainsi un territoire naturel de plus de 600 hectares d’un seul tenant. Ce site fait partie d’un réseau de sites protégés à l’échelle européenne, Natura 2000, par la présence d’habitats naturels dunaires et d’espèces floristiques et faunistiques patrimoniales. L’ensemble accueille des bordières, oyats, pelouses sèches, pannes humides… qui englobent des végétations et espèces exceptionnelles et lui donne une valeur écologique indéniable. Un plan est mis en place pour restaurer des habitats naturels dans ce paysage dunaire, entretenir les surfaces restaurées par des pâturages, recréer des zones humides favorables à la reproduction des espèces d’amphibiens protégés (tritons, crapauds…), débroussaillage manuel, creusement de mares… Bref, de l’argent citoyen utilisé à bon escient ! Un hic : du côté français, le site est fermé à certains moments pour permettre la chasse, ce qui ne me paraît pas du tout être en adéquation avec le concept de protection de l’environnement. »
[1] Un peu plus loin, il y a la Dune Marchand, tout aussi protégée que celle du Perroquet. Ici, j’englobe les deux sites dans un même enthousiasme face à cette Nature magnifique.
Hommage aux gens de la mer
Par ci par là, des blockhaus de triste mémoire, vestiges de la Seconde Guerre mondiale, un monument en l’honneur de la Division Janssen et à ses victimes dans les dunes et les plages, il y a également la « Dune du Calvaire », un imposant autre monument érigé en 1953 en hommage aux travailleurs de la mer naufragés à la fin du XIXe siècle, principalement les pêcheurs qui partaient pour l’Islande poissonneuse… Des chemins rejoignent les bords de mer et, à marée basse, on peut réaliser sur le sable fin des promenades vivifiantes de La Panne à Bray-Dunes, et vice versa. La Panne, station balnéaire surnommée la « Perle verte de la Côte belge », le Westhoek est sillonné par six chemins balisés pour un total de plus de dix kilomètres, l’un (le 6) entre dunes et mer sur près de deux kilomètres. Il y a quatre réserves naturelles et le Bois Calmeyn est attenant au Westhoek, c’est dire si l’Environnement y est à l’honneur !